Focus 

Les techniciens du spectacle vivant et de l’événementiel

dans la fonction publique territoriale, point de situation.

Introduction

La fonction publique territoriale rassemble un ensemble d’employeurs (répartis dans 18 régions, 101 départements et 34 935 communes) qui parfois dans ces process, son fonctionnement particulier diffère du cadre général mais qui reste un peu obscur pour celui qui n’y aurait pas mis les pieds.

Réditec avait mené un travail lors des rencontres de Clermont-Ferrand en 2015, nous vous invitons à ressortir et à relire les ACTES qui sont un point d’étape et de réflexion nécessaire pour en relever les éléments principaux du sujet.

Aujourd’hui quand est-il ? Comment ces employeurs intègrent-ils ces personnels  ?Comment sont-ils recrutés ? Quelles sont leurs missions spécifiques qui peuvent différer du métier classique de cadre technique travaillant dans un secteur de droit privé — salariés qui sont liés par un contrat de travail de droit privé en différence d’un agent sous contrat de droit public (à na pas confondre avec définition du privé que nous entendons dans notre secteur qui est le secteur marchand) ?

Un cadre spécifique

Les collectivités territoriales possèdent un certain nombre d’équipements culturels ou polyvalents, programment des spectacles et organisent des événements qui les amènent à avoir en interne des équipes techniques du spectacle vivant et de l’événementiel. Aujourd’hui c’est 1,98 millions d’agents et agentes qui travaillent dans la FPT répartis par filières (administrative, animation, culturelle, sociale…) puis par catégories A, B ou C. Sont classés en catégorie A, les cadres d’emplois qui donnent accès aux fonctions de direction et de conception, en catégorie B, les cadres d’emplois qui correspondent aux missions d’application et en catégorie C, ceux qui correspondent à des fonctions d’exécution.

Les techniciens et techniciennes des collectivités territoriales peuvent avoir différents statuts : titulaires (fonctionnaire, titulaire d’un grade mais pas de son poste), contractuels (3 ans + 3 ans + CDI pour la collectivité en question), mais également temporaires (intermittents du spectacle). Pour les titulaires et les contractuels, ils ne sont pas régies par le Code du travail en dehors de la partie prévention des risques professionnels. Les CDD d’usage restent quant à eu des contrats de droit privé au sein d’une structure publique comme peuvent l’être les apprenti.es par exemple.

Le cadre des achats, tâche récurrente de nos métiers possède également ces règles spécifiques dans le cadre du Code des marchés publics, impose des compétences tant sur la rédaction des cahiers des charges techniques que sur les aspects juridiques aux cadres techniques.

Comme tout bon producteur du spectacle vivant, les collectivités doivent se déclarer et décrocher le sésame du récépissé de déclaration d’activité d’entrepreneur de spectacles valant licence. Dans la majorité des cas la présence dans son patrimoine d’établissements avec des salles d’activités polyvalentes, d’établissements de diffusion culturelle les oblige à avoir le récépissé de 1ère catégorie comme exploitant de lieux de spectacles aménagés pour les représentations publiques (et donc une personne formée à la sécurité des lieux de spectacle au sein de son équipe). Suivant les cas cela sera complétés par les récépissés de 2ème et/ou 3ème catégorie.

 
Les concours et examens

Même si le grade n’est pas directement en adéquation avec le poste, il n’en reste pas moins que le niveau de responsabilité confié à un agent doit correspondre à un grade.

Pour rappel, l’entrée dans la fonction publique, comme titulaire, n’est possible qu’avec l’obtention d’un concours ou seulement comme agent technique (le grade le plus bas, qui ne peut évoluer).

Les agents de catégorie C et B peuvent passer des concours de la filière technique avec une spécialité « métier du spectacle vivant » qui correspondent aux réalités de nos métiers. Mais la catégorie A n’a pas ce privilège, ni pour l’entrée, ni pour l’évolution. Ce qui freine l’accès à nos métiers aux titulaires. L’une des volontés de la fiche métier de directeur technique était de suggérer la création d’une spécialité (et c’est un peu toujours le cas…)

 
Difficultés de recrutement

Les collectivités territoriales ont aujourd’hui des difficultés de recrutement. Cela amène les collectivités à innover dans leur recrutement, on pense à la ville de Lyon qui en avril 2025 proposait une campagne de publicité importante sur son territoire pour appâter les candidates et candidats. Des difficultés de recrutement, car le métier fait peut-être moins rêver et que s’engager potentiellement sur le long terme n’est plus la norme pour les jeunes générations. Également les collectivités proposent malgré tout des conditions de travail et avantages pouvant être en demi-teinte par rapport au secteur régi par le droit privé (mutuelle pas encore obligatoire par exemple pour les agents). Elles proposent du temps (encore faut-il pouvoir le prendre), mais rarement un salaire au même niveau à métier équivalent que dans le secteur privé.

 
Les temporaires

Les collectivités territoriales ne possédant pas un code d’activité du spectacle vivant se retrouve dans l’obligation de passer par le Guichet Unique du Spectacle Occasionnel pour embaucher des intermittents du spectacle. L’employeur collectivité n’a donc pas besoin de s’affilier directement aux différentes caisses sociales spécifiques du spectacle vivant. Dans ce cadre il doit respecter dans le cadre de ces contrats (CDD d’usage) une des deux conventions collectives spécifiques du spectacle vivant, public ou privé. Bien sûr il va se tourner vers la publique. Cette réglementation spécifique doit amener à ce que les collectivités comprennent le fonctionnement spécifique de ces métiers, de leur cadre d’emploi et souvent ses services des ressources humaines sont un peu démunis sur le sujet.

 
Salariés privé/agents/intermittents

La difficulté c’est également qu’il va falloir dans l’organisation du travail des agents du public et des techniciens relevant du privé faire preuve d’adaptation pour les cadres techniques, car sur un même plateau on peut retrouver d’un côté les agents publics qui vont être sur les règles du Code de la fonction publique et de l’autre les salariés de droit privé dont les intermittents sur une convention collective du spectacle vivant. Également des disparités de salaires peuvent apparaître entre un agent et un intermittent.

Dans la cadre des municipalités donnant programmation à des associations avec gestion technique de la municipalité, l’un des points soulevés lors des rencontres de Clermont-Ferrand était la complexité pour un cadre de superviser, et surtout planifier le travail d’équipes mixtes public/privé (Dominique Hurtebize — Maison de la Danse — Lyon). Le responsable du privé ne peut pas manager directement, gérer les congés, être certain d’un recrutement, d’un avancement… du personnel municipal mis à disposition de l’établissement.

 
Des missions particulières

Les cadres techniques dans une collectivité peuvent également dans la gestion de leur service/pôle traiter de missions d’expertise et d’accompagnement à la décision des élus. Les cadres techniques en tant qu’experts ou expertes du sujet culturel et événementiel sont souvent repérés et vont donc se voir attribuer des tâches qui ne sont pas forcément dans le giron habituel du cadre technique. Ils vont par exemple pouvoir instruire les dossiers de manifestations des associations sur l’espace public, accompagner les acteurs culturels de la commune, expertiser des demandes de subventions en investissement de matériel scénographique, produire des événements de la commune (exemple des 14 juillet), être référents ou référentes sur le prêt de matériel événementiel de la commune et ou participer à des projets bâtimentaire culturels. Suivant la taille de la collectivité et son organisation les missions sont amenées à évoluer.

 
Salles des fêtes/salles de spectacle dans les municipalités moyennes
Régisseurs techniques de l’extrême !

Il ne faut pas oublier et nous en avons peu à Réditec, les régisseurs des petites collectivités. Ces leathermans des petites salles municipales se retrouvent souvent isolés comme seul (ou presque) référent technique du spectacle vivant et ils sont nombreux.

 
Fiches métier CNFPT

Les fiches métiers ont pour utilité de guider les responsables de recrutement pour la rédaction des fiches de poste. Certes, toutes les fiches de poste sont différentes pour coller à la réalité de chacun. Mais les fiches métiers donne un cadre, une structure qui aide la construction d’une fiche de poste. C’est encore plus important dans des collectivités où le nombre d’agent.es des métiers du spectacle est faible et où donc les personnes en charge des recrutements ne connaissent que mal les spécificités de nos métiers.

 
Travail mené en 2017

Lors des 5ème rencontres de Réditec (à Clermont-Ferrand) en 2015, il a été fait le constat que les métiers du spectacle vivant n’étaient pas différents du public au privé. L’environnement fait différence (conditions d’entrée, avancement, formation, …), mais le fader de la console a le même effet que le technicien soit public ou privé… De ce constat a découlé l’idée de réunir les acteurs du public, du privé, accompagnés par les syndicats et Réditec pour la mise à jour des fiches métiers des techniciens du spectacle et de l’événementiel. Travail mené en 2017 qui a produit quatre magnifiques fiches métiers (classées par niveau de responsabilité : technicien, régisseur, régisseur général et directeur technique). Ces fiches sont publiées et utilisées dans les métiers relevants du droit privé https://www.cpnefsv.org/metiers-spectacle/metiers-techniques.

 
Travail en cours

Il y a quelques semaines le CNFPT (en la personne de Dorothée RACHULA) a contacté Réditec pour reprendre le travail. Un premier rendez-vous a eu lieu avec deux membres de Réditec (Ronan B et Alain B) agents de la fonction publique pour se mettre à l’ouvrage. Nous en sommes aux prémices, mais le sujet est sensible au sein de nos comparses de la fonction publique (seulement deux fiches datant de 2002, l’une de technicienne et l’autre rassemblant la communauté de régisseuse à directrice technique).

Les fiches métiers peuvent aider à cadrer plus justement les missions d’un. e agent. e, ses responsabilités, les limites de son action et par conséquence la situer sur un grade. C’est, à notre avis, l’intérêt principal de ces fiches métiers. Dans des structures importantes, les services sont structurés, avec différents niveaux hiérarchiques et un environnement (RH, direction,…) en connaissance des métiers du spectacle vivant. Mais dans les communes de taille moyenne elles deviennent une ressource précieuse.

Alain Boissin et Ronan Berthomieux

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